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Le Deuil des Chauves-Souris
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27 août 2014

Nele Marian et Roger Bolamba, deux pionniers de la poésie congolaise de langue française

Si l'on exclut la poésie orale plurimillénaire exprimée en langues congolaises (1), si l'on écarte la poésie mystique issue des mouvements religieux congolais divers, en prenant l'exemple des cantiques kimbanguistes de 1921 (2), deux personnalités congolaises, madame Nele Marian et monsieur Antoine Roger Bolamba furent les pionniers de la poésie de langue française avant les indépendances des deux Congo. Madame Nele Marian est une femme métisse née d'un père belge et d' une mère congolaise originaire  de la province de l'Equateur. Elle avait rédigé en 1935 un recueil de poèmes intitulé "Poèmes et chansons", imprimé à Bruxelles par les éditions de l'Expansion coloniale. L'ouvrage compte huit poèmes répartis sur 15 pages :

KALINGA ; La Houlante ; Mort en Brousse ; Chanson de pagayeurs ; Sérénade à Jaky ; Loin des Tam-tams ; Congolina ; La barque de Bakundi.

En 1936, elle publie "Banjo" ; Ce poème de Nele Marian est une évocation des souffrances endurées par la diaspora noire en Europe. En 1944 à Bruxelles, elle publie deux livres : un conte, "La légende du vieux Bon Dieu" ; un essai, Les grands faits de l'histoire du pays wallon, editions Marechal. 

Kalinga (Berceuse)

[...]

J'avais une hutte de paille

Qui m'abritait depuis longtemps

Mais on en fit, après ripaille

Un feu géant (bis)

Et pendant la saison dernière

Le large fleuve a débordé

Notre récolte tout entière

Tout fut noyé, tout fut noyé.

 

Refrain :

Dormez dormez

Tout le vilage est assoupi

Dormez dormez

Seul au loin, Mourou la panthère

Jette sa plainte, dans la nuit (bis).

 


 

Antoine Roger Bolamba (Lokole J'ongungu) est né le 27 juillet 1913 à Boma (Bas-Congo). Il dirige la revue des "évolués", La voix du congolais, depuis sa fondation en 1945 jusqu'en 1959. Son premier recueil de poèmes s'intitule, "Premiers essais poèmes". Il est imprimé en 1947 à Elisabethville (actuel Lubumbashi) aux éditions de l'Essor du Congo. La préface est assumée par Olivier de Bouveignes. En 1954, Roger Bolamba rencontre le poète guyannais Léon Gontran Damas en séjour de travail à Léopoldville. Il se rapproche des poètes de la négritude. Dans sa revue, "La voix du Congolais", il ne cesse de publier des Contes : L'échelle de l'araignée - conte bakongo -, Léopoldville, 1938 ; Les aventures de Ngoy, Léopoldville, 1940 ; Un essai, Les problèmes de l'évolution de la femme noire, l'Essor du Congo, Elisabethville, 1948 ; des travaux sur la poésie africaine " Poésie négro-africaine et poètes Noirs d'expression africaine" (1953), "Poésie bantoue" (1954), "Le poète martyr" (1954), "le poète du Tam-tam" (1955). En 1955, Roger Bolamba publie aux nouvelles éditions Présence Africaine, basées à Paris, son second recueil de poèmes, "Esanzo, Chants pour mon pays". L'ouvrage est adoubé, pardon préfacé par Léopold Sédar Senghor. C'est la consécration. Il

Bolamba-AR

participe  en 1956 au Premier Congrès des écrivains et artistes noirs de Paris.

 

LES VOIX SONORES (Esanzo)

 [...]

 

Et  le cri

des paupières forcées

et les larmes

qui tombent comme perles

sur les joues

nous parlerons de l'ardeur sombre

des minutes trop denses

La nuit

les pilons chantent bas dans les mortiers

Touk touk touk touk !

les étoiles se font des confidences

au pays bleu d'en haut

[...]

 


Références.

  1. Il existe deux définitions du mot chansonnier. Un chansonnier est un recueil de chansons profanes. Un chansonnier est un poète qui compose des chansons par opposition à celui qui écrit des poèmes. Un chansonnier prépare la transition vers la poésie car les rudiments épistémologiques et méthodologiques de la poésie comme l'inspiration, la mémoire, la volonté, la conscience, la stylistique y sont déjà présents. Un chansonnier est un prépoète. Les Frères Maristes avaient publié en 1933 deux chansonniers :

    - Mwimbaji mweusi. Nyimbo zilizotungwa kwa waanafunzi wa Kisangani,Imprimerie-Ecole, Stanleyville, 3 ème édition, 1933, 68 pages, en langue swahili ; Nzembo ya bayekoli, Imprimerie- Ecole, Stanleyville, 5ème édition, 1933, 42 pages, en Langue lingala ;

Les Pères Jésuites avaient publié en 1930, Nkunga mi mavula, Kisantu, 4 ème édition, 1930, 39 pages, en langue kikongo ;

Le Service d'éducation de la Force Publique avait publié en langue lingala, Tika toyemba, Mpo Basoldats ba Force Publique ya Congo Belge, Léopoldville, 2ème édition, 1947, 32 pages;

Les Soeurs Missionnaires CPS avaient publié en langue Lomongo, Njembo nda nkundo, Westmalle, Imprimerie des PP. Trappistes, 1911, 47 pages.

Pour illustrer nos propos nous présentons un extrait du poème en Swahili, UZIMA WETU (Notre Santé) collecté et édité par les Frères Maristes.

 

[...]

Alakini sigareti                      (Bien que la cigarette)

Ina rangi nyeupe                 (Soit de couleur blanche)

Na tabia teketeke             (D'un aspect tendre)

Yenyi harufi nzuri               (Et d'une bonne odeur)

Siye wote tufikiri                    (Qu'on y réfléchisse tous)

Ndiyo kweli kabisa             (C'est qu'en réalité)

Sigareti nyeusi           (La cigarette est noire)

Acheni sigareti           (Abandonnez la cigarette)

Kopo na viberti           (La boisson et les allumettes).

[...]

 

2. Les Chrétiens Kongo réunis autour de Tata Simoni Kimbangu critiqués par les Protestants d'utiliser dans leurs cultes le répertoire des cantiques protestants captèrent des cantiques typiquement Kongo en 1921. Voici la liste :

- Tata Simoni Kimbangu, O Nzambi I Nzengi A Nkanu ; Minkuikizi Nutoma wa ;

  • Mavunza Dragon, Akundi Mu Kiese Bekuizilang'o Wau ;

  • - Mbaki André, Akwame Nwiz'o Wau ;

  • Nzo a mfundu Thomas, Aleke A Nzambi Nuwa ; Nkangu'a Nsambu ;O Mfumu Wazola ; O Mfumu Yisu Wisa Do ;

  • Mukoko Yoane, Amakesa Ma Ndungidi ; E Nkunga Mia Mbasi ; Lubantu va luena ; Wantu E Mpasi Amuenenge ; Yisu I Nkundi Ntombanga ;

  • Ntombo Céline, Avo Nku' aku o vuamina ;

  • Diansangu Daniel, Dia Nsambu E Diadi ; E Nzambi Tata ;

  • Luamba Zeboloni, Banzungidi Mpindu ;

  • Mbaki André, Ekue Kiese Muana Nzambi ; E Nkumbu a yisu Mbonga ;

  • Nziama David, Bakaka beti wa ; E Nding'A Mfumu ; Mfumu Nzambi Watu Kamba ; Mu Mbotokolo a mvuzi ; Nuyindula Nowa ; O Mambu ma nza ; O Nzambi S'Eto ; O Yisu Muan'a Nzambi ; Wau Se Tukundanga ;

  • M'Wumbu Philemon, E Nkangu A Yisu ; Nzambi I Nyadi Mwawonsono ; Nzinunu ka zena diaka ko ; Tuvana Nkembo Kua Nzambi ;

  • Mpata Bruno, Nkunga se Tuyimbila ;

  • Diakanua Samuel, Ntal'e Bandel'Eto ;

  • Zola Emile, O Mfumu Wa Yiseluele ; O Mfumu Yisu Tala Do ; O Nsamu A Yisu Wau ;

  • Mikala Mandombe, O Yisu Mvuluzi Nza ;

  • Matuka, O Yisu Mvuluzi Eto ;

  • Nsumbu Simon, O Zola I Lulungisu, Se Tukuedang'o wau ;

  • Zeboloni Luamba, Tala Mbungi weka kuiza; Va Muelo Zulu Mvuendi ;

  • Lusieta Paul, Tuyimbilanga Nkunga.

     


    Le premier poème mystique kongo capté par Tata Simoni Kimbangu en 1921 à Nkamba dans le Bas-Congo est Nzambi Nzengi'a nkanu (Dieu le législateur) :

     

    O Nzambi Onzengi a Nkanu      (Dieu légifère)

    Muna Wantu a nsiona                 (En faveur des damnés de la terre)

    Ndiona Odilanga ikekonka                (Il console les affligés)

    O Nzambi Inzodi a sukami               (Dieu réconforte les malheureux)

 

Kuiza kekuiza o va nza                      (Il redescendra sur terre)

Kua ndiona wina yo mpasi                  (Auprès des suppliciés)

Muna wa u kadidila                            (Aussi s'indigne t-il)

Oku nyandalanga ka mpe                   (Pour les sauver).

 

O Nzambi inzodia nsiona                              (Dieu protège les Orphelins)

Oyandalanga mosi vana bena                      (Et sauve l'un d'entre eux)

O Mvuala Yisu yatolulua       (Les incultes croient briser l'autorité de l'envoyé de Jésus)

Kansi Wavumbulaka yo                              (Mais Dieu l'a redressée).

 

Kana vo wantu be kangua                       (Si L'homme est limité)

Kansi nzambi kekangua ko                              (Dieu est dense)

Kadi Nzambi wasengoka                                    (Car Dieu a été révélé)

Kua yeto wantu a mbi                                      (Pour nous les pécheurs).

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