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Le Deuil des Chauves-Souris
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22 septembre 2012

Toni Morrison, un monument de la littérature américaine à Paris

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Le Festival America des littératures et cultures d’Amérique du Nord se déroule du 21 au 23 septembre 2012 à Vincennes en France. Dans ce cadre, l'écrivaine noire américaine Toni Morrison est venue dialoguer avec ses lecteurs autour de son nouveau roman Home. Le Festival America honore des écrivains du Canada (Dianne Warren), des États-unis D’Amérique (Julie Otsuka), du Mexique (Eduardo Antonio Parra), de Cuba (Karla Suárez), d’Haïti (Marvin Victor), d’Argentine (Alan Pauls), du Chili (Á ngel Parra), du Pérou (Santiago Roncagliolo), d‘Uruguay (Carlos Liscano), de Guatemala (Rodrigo Rey Rosa), de Nicaragua (Sergio Ramí rez), du Brésil (Luiz Ruffato) et de Colombie (Juan Gabriel Vásquez), parmi tant d’autres présents. Cette année 2012, Toni Morrison est l’invitée d’honneur. La rencontre s’est déroulée dans le Centre culturel John Steinbeck / Centre Georges Pompidou. La salle ne pouvait pas accueillir tous les lecteurs de Toni Morrison. Un petit écran plat a été improvisé pour les recalés à l’extérieur du 142 de la rue de Fontenay à Vincennes. J’en faisais partie.

Une dame posait des questions à Toni Morrison en français, censées plaider les interrogations des lecteurs présents. Une autre dame traduisait en anglais américain auprès de Toni Morrison. Enfin celle-ci, répondait aux différentes questions. La deuxième dame assurait de nouveau la traduction française. Notre frustration naissait de l’impossibilité d’interpeller directement Toni Morrison. Le dialogue portait sur son dernier roman Home que nous n’avons pas encore acquis. La grande littérature n’est pas seulement un travail d’écriture, de narration. C’est aussi et surtout un travail de recherche scientifique, je veux dire historique. Toni Morrison n’est pas seulement un témoin de l’histoire noire américaine. Une question nous avait embarrassé : « Vous considérez - vous comme un écrivain politique ? » Toni Morrison répondit par l’affirmative, en fustigeant la posture américaine pendant la guerre froide, consistant à défendre l’esthétique de l’art, de la littérature pour s’opposer à l’Union soviétique avocate d’une littérature expression d’un engagement politique. Les personnages des romans de Toni Morrison incarnent l’histoire contemporaine de l’Amérique noire, indienne, blanche et jaune. Toni Morrison secoue, déniche les poux parasites des cheveux de l’âme américaine. C’est une métaphore. Toni Morrison joue le même rôle en littérature que celui joué par les jazzwomen en musique. Réconcilier les Américains avec eux-mêmes, avec leur propre histoire. La littérature américaine écrite exclusivement par les Américains blancs était incomplète. Pour compenser cette incertitude, il a fallu que les Noirs Américains racontent avec leurs mots, les maux, les histoires qu’ils ont vécus. Comme dira l’autre, « La compréhension de sa propre aliénation est en même temps le moyen de sa libération ».

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Après un moment de repos suivait la deuxième phase des dédicaces. La queue était interminable. Je ne croyais pas qu’elle aurait la force de recevoir tous ses lecteurs. Je vous donne en mille, j’ai été reçu à la cent vingt cinquième (125) position ! L’attente fut longue. Me voici, vis-à-vis, devant Toni Morrison, assise dans un fauteuil roulant ; les cheveux blancs coiffés d‘un feutre latino-américain. Toni Morrison a tout de même 82 ans ! Elle a traversé le 20 e siècle. Les cicatrices de l’histoire laissent des empreintes indélébiles sur les corps vivants des écrivains. Une dame prépare mon roman à dédicacer. Je lui ai présenté son roman Jazz en précisant mes origines Congo. Elle a souri en répétant : « Oh ! Congo ». Elle a signé ! Le moment est court. Un monsieur accompagne le lecteur dédicacé à descendre les petites marches pour ne pas encombrer la tribune. On traîne, on veut prendre des photos souvenirs. Il y a des gens dans la vie qui vous donnent l’énergie de vivre, l‘envie de rester à côté d‘eux. Ils sont denses. Toni Morrison en fait partie. L’idée de retourner chez moi, ne plus la revoir me torture. Personne ne peut me comprendre dans cette foule anonyme. Et cela me tourmente. J’en avais d’autres à dédicacer. Tar Baby, Beloved, Love, Un don, Le chant de Salomon, L'oeil le plus bleu. Mais il faut partir. Il fallait donner la chance à d’autres lecteurs impatients de recevoir leur sésame. Pourquoi nos trajectoires ne se sont-elles pas croisées plus tôt ? Toni Morrison ! Un monument ! Une utopie à elle seule ! Une œuvre d’art !

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