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Le Deuil des Chauves-Souris
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2 septembre 2012

Le concept, par Yves Kounougous

271012_1739L'Etat d'Alabama (Etats- Unis) est doté de nombreux établissements d'enseignement (Oakwood College 1896 Hunstville, Diles College 1905, Concordia College 1922 Selma etc ...) dont plusieurs concernent l'enseignement supérieur (Alabama State University 1867 Montgomery, Alabama A&M University 1875,Selma University 1878, Tuskegee Institute devenue Tuskegee University 1881 etc ...)
Lewis Adams, Booker.T.Washington, Georges Washington Carver ont marqué de leur empreinte à Tuskegee University. Au delà du simple rappel historique, les données actuelles indiquent que les Etats-Unis se classent 26 ième dans le monde en Science,Technologie,Ingénerie et Mathématique (STEM) et que l'Etat d'Alabama qui se trouve au bas du classement national a reçu une subvention (partenariat Mathématiques/Sciences MSP) visant à promouvoir l'apprentissage des mathématiques et des sciences et à combler les lacunes et carences dans ces matières.
Il y a lieu de souligner que la philosophie américaine, née au milieu du XIX s (péres de la philosophie américaine : Locke, Samuel Johnson 1696-1772, Jonathan Edwards 1703-1758) est essentiellement pragmatique (une philosophie pratique de l'action), que le mouvement philosophique afro-américain fut initié par le premier et le plus grand philosophe afro-américain William E.B.Du Bois (1868-1963) (le seul ouvrage rédigé en langue française par mes soins sur sa philosophie paraîtra en Septembre/Octobre aux Editions du CIREF); qu'elle est caractérisée par trois moments: Une phase revendicative (Emigrer ou s'intégrer ?), une phase participative ("l'intégration de la différence dans la mutuelle interdépendance"), pour finalement aboutir à la phase de l'Afrocentrisme.
Pour ne pas laisser le champ libre et ouvert à nos détracteurs qui estiment a-scientifique de fonder un raisonnement scientifique sur/à partir de nos données africaines (proverbes,mythes,contes etc...), je propose, tout en sachant bien que les idées dominantes sont divulguées par la classe dominante, de faire du paradigme diopien selon lequel "l'Afrique éclaire l'Egypte et l'Egypte éclaire l'Afrique" notre socle de pensée, et laisse le soin au chercheur M'Boka Kiese de fonder scientifiquement son hypothése de base (qu'il nomme principe de calomnie et que j'appelle tout simplement un raisonnement par analogie : "kimbungu didi muan'andi, widi nsunga nkombo wu nukidi - l'hyène a dévoré son petit, parfumé de bouc".
Après avoir recadré le fil directeur des évènements, nous pouvons envisager une discussion où d'éminents chercheurs de la diaspora africaine (Grégoire Biyogo,jean-charles Gomez, Kounzilat Alain) pourraient sur la question, nous apporter un éclairage instructif.
Tenter d'élucider le concept (notion omniprésente dans la tradition philosophique) dans sa signification profonde relève de l'aporie, tandis qu'une approche stricto sensu dévoile un terme polysémique d'origine latine (notio, intentio,conceptio) inexistant en langue grecque, une vision lato sensu fait apparaitre différentes écoles, courants et traditions, qui s'accordent, à quelques nuances près, à considérer :

1) que les concepts découlent d'une construction de l'esprit à partir de l'expérience vécue et qu'ils sont à ce titre enfermés dans une sphère de sens et/ou dans une convention de langage ;

2) que le réel est perçu qu'à travers nos représentations et seules celles ci nous indiquent ce que peut être le réel.


Pour ma part, le devenir des sciences expérimentales se jouera sur la résolution ou non de paradoxes et d'antinomies (théorème de Gôdel, Paradoxe de Frege/Russell) et par une transformation radicale de la représentation du monde qui fait dire à Einstein "on ne peut résoudre un problème à partir des idées qui l'on fait émerger" :
a) La tradition d'essence Kantienne (Kant distingue les concepts a priori ou purs - reine begriffe- indépendants de l'expérience et qui ne donnent pas un contenu de connaissance, des concepts a postériori ou empirique 1ere thèse : l'expérience délimite le champ de la raison 2eme thèse : sensibilité (intuition) et entendement (concept) encadre le sujet transcendental et lui assure l'objectivité de la science)où se côtoient des néo-kantiens (Herman Cohen-Tout jugement - Sujet est Prédicat - est soit analytique -P est contenu dans S - soit synthétique,source de progrès, synthétique a priori -la liaison entre P et S relève d'une intuition pure non empirique, une expérience de pensée sans réalité : il en est ainsi des propositions mathématiques, la géométrie où l'intuition pure est d'ordre spatial, l'arithmétique d'ordre temporel) ou synthétique a postériori - la preuve entre P et S vient de l'extérieur- l'intuition est empirique et le jugement révisable à tout moment - les sciences de la nature et les propositions de la physique sont de cet ordre) ainsi que les philosophes de la conscience (Descartes : "les idées innées" sont différentes du concept car elles n'ont pas de caractére intuitif, ni ne dérivent de l'expérience ; Husserl : "l'intuition des essences" configure la conscience du sujet dans toute représentation ) oppose la connaissance intuitive (la perception de la réalité porte directement sur le concret capté dans sa représentation singulière, l'idée est elle même cet objet de sorte que rien n'est envisageable en dehors du sujet constituant- Brouwer nominaliste radical ira jusqu'à déclarer que sont uniquement recevables les concepts mathématiques portés par l'intuition excluant par là le raisonnement par l'absurde)à la connaissance
conceptuelle (le réel ne se dévoile qu'au travers une représentation générale de type abstrait) c'est la "détermité - bestimatheit- hégélienne ; la position de Morris Weitz dans son ouvrage "Theories of concepts" "il y a une théorie du concept chez tout philosophe" ;


b)Le mouvement anti-kantien (le criticisme kantien) s'amorce avec le courant empiriste pour qui les deux modes de connaissance (l'intuition et le concept) représentent à des degrés divers une seule et même réalité. Le problème central de l'empirisme logique a été de cerner la relation du concept au donné, le rapport du concept à l'empirique autrement dit de chercher le critère de cohérence.Un langage précis et rigoureux, la Logique, tend à devenir la science maitresse car "l'universalité de la logique est l'universalité du vide, ses opérateurs sont neutres et ses variables n'ont pas d'objets", dénué de toute présupposition empiriste, intuitive, métaphysique,psychologique, doit pouvoir asseoir les principes mathématiques et assurer la sécurité des concepts de base. Pour cette tradition le concept ne s'évalue que dans son rapport avec l'empirisme, avec une définition dispositionnelle qui a la forme d'une conditionnelle (concept de température, concept de magnétisme) et qui vise à l'élimination d'un terme, ainsi à côté des concepts théoriques (propriété non observable qui permet au scientifique de s'aventurer plus loin que l'information qu'offre la donnée empirique, c'est la déductibilité) se trouvent les concepts observationnels (toute théorie à finalité empirique est observable, c'est l'observabilité) l'épistémologie contemporaine se ramène à définir le concept par rapport à celui de Loi (Hampel, Nagel). C'est d'abord Bolzano, pionnier du logicisme, s'inspirant de Leibniz, qui récuse à la fois l'intuition pure kantienne car celle-ci est toujours empirique, et les jugements synthétiques a priori ; Il ouvre la voie à sa Mathesis universalis (projet d'unification du savoir basé sur des règles purement logiques), il faut dorénavant distinguer le contenu conceptuel d'une représentation des images mentales capables de le faire, c'est la " représentation en soi" Boole, pour qui la logique est le seul langage formel à vocation universelle qui clarifie les contradictions sémantiques propres aux syllogismes Twardowski qui veut éliminer le psychologisme ("la réduction des concepts logiques à des contenus mentaux") de la science. C'est le moment d'introduire l'approche historico-empiriste qui permet, grâce à la dialectique marxiste, de se soustraire à une description pure et simple des catégories (simple répertoire des catégories) pour "s'approprier le réel sur le mode théorique" et parvenir à une "représentation mentale du concret" ;

c)Une crise de la représentation occasionne un véritable tournant linguistique, la question du concept n'est plus mise en rapport avec l'empirique, le donné ("la notion de donné est un mythe" pour Sellars) mais avec le langage. L'idée de deux modes irréductibles(intuition et concept) du savoir s'effrite avec la tradition pragmatique (Pierce : créateur de la science des signes,la sémiotique et Père du pragmatisme qui énonce :

1) la vérité est inséparable de la science expérimentale ;

2) la logique éclaire nos idées, mais surtout avec les circonvulations de certains représentants du courant analytique (Quine, Austin, Rorty).

Frege est l'un des tout premiers à vouloir fonder les mathématiques dans un rapport avec l'analyse et les problèmes du langage, s'il réfute l'intuition pour la logique axiomatique (système conventionnel de signes) c'est pour délivrer l'arithmétique des aléas (inexactitude et imprécision) de nos langues.

Russell dénonce le psychologisme et s'intéresse à la pluralité et à la réalité des concepts, à la structure de la langue pour affirmer que tout n'est que convention de langage.

Pour Wittgenstein le langage sert à évaluer le concept, l'importance d'une proposition ou d'un énoncé n'est plus que relative dans la mesure où nous nous trouvons dans des jeux de langage construit par l'esprit, la logique et la philosophie doivent être prises comme de simples activités et la mission du philosophe doit se résumer à accompagner le savant dans sa recherche.

Popper s'appuie sur les travaux de Tarski (sémiotique)pour réfuter la logique(impossibilité d'un métalangage digne de ce nom),il préfère le principe de falsifiabilité (une loi est validé par l'absence d'une loi en sa défaveur) à celui de vérifiabilité, et considère que les problèmes philosophiques sont d'une nature particulière

Austin : la langue ordinaire est d'une précision linguistique inimaginable du moment que l'usage d'un mot s'effectue dans la rigueur et la clarté, la langue n'est désormais plus dans un système clos, il démontre par là l'inutilité d'un langage artificiellement construit par l'esprit.

Rorty : la philosophie analytique coinçée entre l'empirisme logique et le langage ordinaire est prisonnière, la notion de relativisme historique qu'il introduit l'amène à douter des prétentions de la science et de la philosophie à rechercher et à dire le vrai car la science et la philosophie ne sont que des pratiques culturelles.

Quine : l'intérêt pour la sémantique et la logique des probabilités lui font découvrir qu'il n'existe pas de fossé entre la vérité analytique et la vérité synthétique, toute connaissance relève à la fois du langage et des faits, de même le progrès scientifique n'infére pas une vérité unique et immuable et que toute traduction épouse les régles et la personne du traducteur.



Docteur Yves Kounoungous

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