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Le Deuil des Chauves-Souris
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3 avril 2009

PYTHAGORE, le deux versions, par Pierre NZONZI

Deuxième version

Le nom de Pythagore a lui seul est une légende, un mythe. Le mythe est généralement compris comme une nécessité de fondation. Les hommes aiment les mythes. Mais cet amour n’est pas un péché en soi. Il relève simplement des besoins profonds qui sont en nous. Les mythes résident eux-mêmes dans notre inconscient. Ils sont à l’origine de toute civilisation. Pythagore comme tous les avatars à l’origine de toute société sont des mythes parce que dans une société tout procède d’eux, ils sont les figures et les fondements de tout ce qui caractérise toute tradition. Toute tradition quelle qu’elle soit se fixe à partir d’un personnage marqué qui sera le visage le plus profond de celle-ci. Le guide, tel est son nom. Le guide est un personnage dont on ne conteste pas l’autorité. Ceux qui subissent son autorité lui donnent toutes les qualités projetant un idéal de vie. Ainsi, non seulement on attribue à celui-ci toutes les valeurs de beauté mais aussi toutes les puissances et tous les miracles. On transgresse les lois de la nature pour élever ce personnage à la hauteur des dieux. De là, la difficulté de savoir quoi que ce soit sur ces personnalités.

Enfoncés dans l’imaginaire collectif, ces esprits prennent place dans chaque société, dans chaque civilisation et dans chaque individu pour enfermer tout ceci dans leurs caractères afin de propulser une tradition. Ils deviennent traditions avec cette nouvelle appellation, ils inscrivent l’origine de toutes valeurs qui se traduisent dans la conscience. Chaque homme s’y réfère désormais de peur de faire éclater sa sécurité. Le mythe devient par là rempart, forme de vie, une manière d’être au monde, pour ne rien laisser notre vie réelle. Il actualise dès lors les temps primordiaux qui expliquent toute notre réalité, tout ce que nous sommes. A tel point personne ne songe plus à interroger tout cela devenue tradition, qui se plonge dans la nuit des temps. Or la plupart des avatars qui inscrivent ces traditions, ces manières de vivre n’ont jamais écrit. Ce que l’on rapporte d’eux sont souvent des panégyriques venues des réminiscences lointaines. Parmi les disciples acharnés qui racontent les prouesses de ces hommes arrivent plusieurs générations après la disparition de ces meneurs d’hommes. Il est donc difficile pour nous d’atteindre la vérité sur eux. Même si dans le cas de Pythagore, beaucoup de témoignages peuvent être fiables dans le sens où un manuscrit, confié à un de ses disciples, Philolaüs a été acheté par Dion, disciple de Platon à la demande de celui-ci. Ce n’est pas hasard que l’on trouve beaucoup d’éléments du Pythagorisme dans l’oeuvre de Platon. La Parole sacrée, l’oeuvre fondamentale de Pythagore ne nous est pas parvenue. Malgré les efforts des anciens, Pythagore reste un avatar dont l’oeuvre et la vie restent encore pour nous une légende, un mythe.

Les disciples de Pythagore comme ceux de tous les meneurs d’hommes considèrent leurs maîtres comme des dieux. Ils leur attribuent des forces extraordinaires. A tel point qu’ils les sacralisent et prennent eux-mêmes des distances avec eux. C’est cette distance qui inscrit la sacralisation. On subit une violence sans le savoir ou bien on le sait mais on l’accepte parce que les choses sont ainsi. En réalité cette situation est le fait de notre propre impuissance et de la faiblesse de notre esprit. Le phénomène d’ubiquité qui consiste à voir partout, dans ce qu’on fait, ce que l’on dit, ce que l’on voit le visage du maître est lié à toute cette faiblesse de notre entendement. Les disciples de Pythagore le voient partout au même moment. Il est dans plusieurs villes à la fois. On le voit parler avec le fleuve. On le voit interpeller un aigle qui passe à coté d’eux. Pythagore le caresse et le relâche Il ordonne aux pêcheurs de lancer leurs filets et compter un nombre de poissons qu’il leur donne. Aucun poisson ne meurt même au contact de l’air et en se retirant de leur élément naturel. A la fin de ce miracle Pythagore ordonne de remettre les poissons dans la mer. Ce genre de miracles s’apparentent à beaucoup d’autres miracles qui nous viennent des traditions bien connues, comme cette similitude qu’on trouve pour expliques quelque mystère de quelques avatars dans le chiffre quarante. Pythagore revient à Samos où il est né après quarante ans de voyage. Platon revient a Athènes à quarante ans. Jésus passe son temps dans le désert pendant quarante jours. Mahomet commence à recevoir ses révélations à quarante ans. Ces phénomènes étranges ne doivent pas nous laisser indifférents mais laissons-les à la mythologie et aux traditions des peuples qui, sans doute se sont interpénétrées. Plongeons-nous dans l’enseignement proprement dit d’un des serviteurs de l’humanité, cet ami de l’homme, celui qui s’appelle Pythagore dont le nom sonne encore comme un écho dans nos oreilles.

Pythagore est originaire de Samos, petite Île florissante de l’Ionie, vouée à la culture et aux arts. Au moment où Pythagore vient au monde (580 av JC), L’île possède une flotte de cent navires et vit une période brillante et le maître du lieu est Polycrate. Polycrate est un homme au destin particulier. Amis d’un égyptien nommé Amasis qui tente de le sauver du destin. Hérodote raconte, voyant que ce Polycrate réussit tout, Amasis voit dans cela un mauvais présage du destin. Il lui conseille de faire un sacrifice aux dieux. Polycrate offre aux dieux son anneau royal en or. Il le jette dans la mer. Un temps après, un pêcheur apporte un beau poisson au roi et celui-ci retrouve sa bague. Dès que Amasis entend cette nouvelle, il coupe toutes relations diplomatiques avec lui. Il lui convient que les dieux ne doivent pas tarder d’agir. Polycrate a eu une triste et violente fin. Les dieux reprennent le surplus qu’ils donnent, telle est la loi de la justice cosmique.

Au sujet du rapport de Pythagore et de Polycrate, les anciens disent que Pythagore passe sa jeunesse à sa cour avant de voyager en Égypte. Nous ne savons pas très exactement si c’est Polycrate qui le recommande à Amasis afin que celui-ci le présente aux prêtes Égyptiens, lui-même étant prêtre, sur les conseils de Thalès dont il a suivi les cours, ou Thalès lui-même qui le recommande de pousser ses recherches près des sages Égyptiens. Une chose est sûre, l’entrée de Pythagore dans les écoles Égyptiennes ne se fait pas sans difficultés. C’est par son courage et son obstination qu’il entre dans les secrets Égyptiens. La tradition veut qu’il visite l’Arabie, la Chaldée, l’Inde, la Syrie et Babylone où il reste pendant douze ans. Ensuite, il revient au moment où Polycrate devient le pouvoir absolu, après trente-quatre ans d’absence.

A son retour Pythagore remarque que sa patrie a perdu sa liberté. En homme libre, il ne peut plus vivre là où la conscience ne peut plus s’émouvoir. L’homme libre a ceci en particulier, il ne peut vivre dans un endroit où le jeu de la liberté absolue de conscience n’est plus possible. L’homme libre ne désire plus au monde que cette libre activité de l’esprit. Il quitte donc Samos et s’installe en 529 à Crotone, en tout cas c’est que semble nous dire Diogène Laërce, l’un des biographes de Pythagore. D’autres disent qu’il part de Samos pour le climat. Mais selon Hegel, le motif de son départ de Samos pour Crotone, en Italie est plus complexe qu’on peut le prétend. Hegel s’appuie sur Hérodote. Dans son Histoire, au livre III, chap. 45 à 47, Hérodote montre que Polycrate vient de bannir les citoyens qui fomentent un coup de force en tentant de provoquer une guerre civile. Ces citoyens demandent de l’aide aux Lacédémoniens. Dans un premier temps, les Lacédémoniens soutiennent les démocraties parce qu’elles instaurent le pouvoir du peuple. Mais dans un second moment, ils suppriment les démocraties pour installer les aristocraties. La famille de Pythagore nécessairement mêlée à cette situation désagréable, et une telle situation n’est pas profitable à Pythagore qui voit anéantir ses projets. Il voyage en Grèce et se fixe définitivement à Crotone où il installe une école dont l’écho ne cesse pas jusqu’à nos jours.

Tous ceux qui voient et regardent Pythagore un moment, témoignent que c’est un bel homme, élégant, d’une belle allure. Sa personne est captivante et impose le respect. Il se dégage en lui une force extraordinaire. C’est un être à part. Il ne laisse personne indifférent. Il transpire le mystère.

A cet aspect extérieur qui trouble s’ajoute une grande éloquence et de profondes lumières qu’il communique sans se limiter au cercle d’amis qui le suivent. Il veut exercer une action sur la totalité de l’homme. Il veut donner une définition absolue à l’homme. Son intervention se situe dans la chose publique, dans la science, dans la morale et dans la métaphysique. Notre manière de vivre est liée au monde suprasensible des divinités. Platon, son disciple le plus plus profond parle lui du monde intelligible ou des Idées.

Ses vêtements sont d’un lin blanc, pur et soumis à des règles précises. De même ceux de ses disciples. La nourriture, chez les pythagoriciens on ne mange pas n’importe quoi. Ils sont végétariens. La conduite de leurs activités de la journée suivent une trajectoire mathématique.

Jamblique rapporte que Pythagore dit que, quoiqu’un homme fasse dans la vie, dans les sciences, dans la politique ou la morale, le principe est prépondérant; car tout procède d’un principe. Mais malheureusement le principe ne se livre pas à n’importe qui. Le principe relève lui-même de la métaphysique. Il faut avoir des connaissances sérieuses ou une vision pour cerner un principe. « Le principe, écrit Jamblique est l’une des choses les plus importantes que, aussi bien dans les sciences que dans l’expérience ou que dans la génération, ou encore dans une maison, dans une cité, dans une armée ou dans les rassemblements de ce genre, la nature du principe est difficile à considérer et à voir ».

Dans les sciences il n’est au pouvoir de n’importe quel esprit, après avoir porté son regard sur les diverses parties de la discipline, de comprendre et de juger correctement laquelle d’entre elles est le principe. Si on ne détermine pas correctement le principe on risque de se tromper du tout au tout. Il faut connaître le principe véritable pour dire tout net, sinon rien dans ce qui suit n’est plus correct. Même chose pour l’autre principe qui concerne l’administration de la cité, d’une maison, d’un groupe s’il y a pas un véritable chef tout s’écroule. Mais un chef doit avoir à l’esprit ce principe qui dit que, lui tout seul sans l’autre partie, la gourvernée, rien ne peut s’effectuer. De même un enseignant ne peut rien enseigner sans un élève reconnaissant. Tout procède dans ces formes d’un rapport réciproque. «  Pour que les connaissances viennent correctement, il faut qu’elles viennent volontairement, parce que les deux côtés le veulent, tant l’enseignant que l’élève », écrit encore Jamblique.

Ce principe qui met la juste figure de l’autorité dans la reconnaissance est d’une grande importance. Elle révèle des profondeurs d’une grande philosophie.

Pythagore est d’abord philosophe avant d’être scientifique et politique. Il est le premier homme qui s’attribue le qualificatif de «  philosophe ». Le philosophe selon lui est celui qui a rapport à la sagesse en tant qu’objet. Il est celui qui s’occupe de sagesse en tant qu’il la cherche. Le philosophe aspire seulement à être sage mais ne peut l’être. De même ce que dit Platon va dans le même sens. Le philosophe n’est pas celui qui saisit la vérité mais seulement celui qui la contemple. Il la voit mais ne la touche pas. D’où la réminiscence qui lui donne le sentiment du déjà vu. Il y a ici cette idée que la vérité échappe au philosophe, elle se dérobe à lui tant qu’il la cherche toujours. Ce qui est seulement contemplé ne peut nous atteindre réellement mais simplement de manière abstraire.

S’il est le premier à se réclamer philosophe, il est aussi le premier qui établit une culture scientifique en Grèce. Les Grecs sont un peuple éveillé, bavard et cultivé mais pas scientifique. C’est Pythagore qui introduit l’enseignement scientifique en Grèce. En ce sens on peut le considérer comme le premier maître universel. Tous les maîtres connus du reste du monde comme les Chinois, Confucius et Lao Tseu sont des hommes qui, comme Thalès de Milet et Anaximandre, son contemporain enseignent des propositions et des connaissances isolées, mais ne proposent à aucun moment une démarche scientifique qui évite le bavardage et invite l’analyse profonde des matériaux.

Pythagore élabore d’abord une école où il accepte aussi bien les femmes que les hommes de bonne volonté. Deux siècles avant Platon, Pythagore installe une égalité entre les hommes et les femmes devant la science. Il met donc en pratique l’idée qui est la sienne qui laisse penser que les hommes et les femmes doivent avoir les mêmes facilités pour s’instruire. Il est vrai que Pythagore inscrit quelques différences entre la femme et l’homme que Platon ne reconnaît pas, par exemple l’instruction dans les arts ménagers et les soins donnés aux enfants. Il y a chez Platon une totale égalité entre les femmes et les hommes puisque les enfants sont élevés par l’Etat. Ce n’est pas seulement une affaire des femmes.

L’école pythagoricienne est une structure monacale. Les élèves vivent enfermés par rapport à la cité autour du maître. Les élèves sont divisés en catégories, primaires, moyens et supérieures. Celui qui veut être accepté à l’école dit subir des épreuves. Observé par le maître qui a une sorte de science physionomiste, une psychologie du corps où il devine par la structure du corps, ses mouvements, ses attitudes. Pythagore ne laisse rein au hasard l’examen porte aussi sur la situation psychologique du candidat, ses opinions politiques, religieuses et métaphysiques. Une fois le candidat admis, il reste en classe préparatoire où il doit garder le silence pendant cinq ans. Toute l’éducation de l’étudiant se passe au moins jusqu’à cinquante ans si on tient ferme les instructions du maître. Il y a ceux qui voient le maître et ceux qui ne pas peuvent le voir. L’enseignement se structure sur deux niveaux : exotérique et ésotérique. Cette distinction va suive son cours jusqu’à Platon, Aristote et toutes les écoles grecques. L’enseignement exotérique est celui qui est donné à tout le monde, ésotérique celui qui appartient aux initiés, les amis de la science, ceux qui sont capables de vivre l’épreuve de la philosophie. La philosophie est une épreuve de l’homme pour l’homme, elle le dialogue infini entre l’homme et lui-même. Ceux qui doivent pratiquer la philosophie, les amis de l’homme doivent en être dignes de ne vivre que pour lui. C’est une forme de voeu qui pour les pythagoriciens ou les philosophes grecques reste une forme de vie.

Les disciples vivent en communauté. En entrant à l’école chacun dépose ses biens dans la caisse commune et ces biens deviennent ceux de la communauté tout entière. Dès lors chaque élève devient l’égal de l’autre ce qu’on appelle l’amitié.

Mais l’idée d’amitié qui a sa racine dans l’égalité est encore profonde chez Pythagore. Ce n’est pas un vain mot mais une valeur métaphysique. Il s’agit de la participation de tous avec tous, de l’humanité dans son rapport avec le cosmos. Si toutes les confréries de l’histoire, ou ceux qui veulent établir l’égalité parmi les hommes, prennent appui sur la forme de la vie des pythagoriciens c’est en partie parce qu’ ils ressentent une véritable amitié parmi eux. L’idée de «  frère » ou de «  camarade » qu’on pratique dans certains partis politiques est liée au pythagorisme. C’est lui qui en est sa source.

Pythagore, brûlé dans un incendie criminel, fomenté par la haine et la jalousie, comme toujours les Grands Maîtres de l’éducation humaine sont discrédités par les haineux, les violents ; ceux qui n’aiment pas l’homme mais qui veulent l’asservir. Pythagore a eu la mort violente comme prix de sa bonté, de son amour pour les hommes. L’histoire est remplie de ce genre d’exemples.

Jamblique nous rapporte une histoire extraordinaire qui donne sens à cette amitié: A la mort du maître, les pythagoriciens vivent dans la disette. Un pythagoricien qui s’est éloigné des siens, se retrouve sans argent, malade et meurt tristement dans une auberge isolée. Avant de mourir, il écrit des symboles sur le mur de l’auberge, des symboles connus simplement des seuls initiés. Quelques années après un autre pythagoricien passe là et voit les signes. Il entre et demande «  Où est mon frère ?». On lui montre son tombeau et lui explique son histoire et les soins prodigués. Le pythagoricien demande la valeur des soins et paye en disant: «  Ce que mon frère vous doit c’est moi qui vous le doit ».

En ce qui concerne sa philosophie, c’est presque Platon qu’il faut interroger de nous parler de tout ce qu’il lui prend, de la formation de son école, de la conception de l’harmonie du monde, de la valeur des mathématiques, de l’aversion pour la démocratie, de la passion pour l’aristocratie, de l’éducation du philosophe qui commence, par la gymnastique, la musique, la pratique des mathématiques et la dialectique, opération connue des seuls philosophes. Platon systématise toute la doctrine pythagoricienne. Il en est le légitime continuateur qui éblouie l’entendement dans sa grande poétique de la théorie de l’âme. Si Platon est le fondateur de la philosophie, Pythagore en est son principe.

 

                                            Pierre Nzonzi

                                        Docteur en philosophie

 

PYTHAGORE 1ere version

Le nom de Pythagore a lui seul est une légende, un mythe. Le mythe est généralement compris comme une nécessité de fondation. Le hommes aiment les mythes. Cet amour des mythes réside dans l’inconscient des hommes comme valeurs et besoins fondamentaux parce que ce sont eux qui sont à l’origine de toute civilisation. Les Pythagore comme tous les avatars à l’origine de toute société sont des mythes parce tout dans une société procède d’eux, ils sont les figures et les fondements de tout que révèle toute tradition. Toute tradition quelle qu’elle soit se fixe à partir d’un personnage marqué qui sera son visage le plus profond.  Le guide, tel est son nom est personnage dont on donne toutes les qualités projetant un idéal de vie. Ainsi, non seulement on lui attribue toutes les valeurs de beauté mais aussi toutes les puissances et tous les miracles. On transgresse les lois de la nature pour élever ce personnage à la hauteur des dieux. De là la difficulté de savoir quoi que ce soit sur ces personnalités. Enfoncées dans l’imaginaire collectif, chaque société, chaque civilisation s’enferme dans une tradition qui fabrique sa conscience et a peur de faire éclater sa sécurité. Le mythe devient par là rempart, forme de vie, une manière d’être au monde, pour ne rien laisser une tradition. A tel point personne ne songe plus à interroger cette tradition qui se plonge dans la nuit des temps. Or la plupart des avatars qui inscrivent ces traditions, ces manières de vivre n’ont jamais écrit. Ce que l’on rapporte d’eux sont souvent des panégyriques venues des réminiscences lointaines. Parmi les disciples acharnés qui racontent les prouesses de ces hommes arrivent plusieurs générations après la disparition de ces meneurs d’hommes. Il est donc difficile pour nous d’atteindre la vérité sur eux. Même si dans le cas de Pythagore, beaucoup de témoignages peuvent être fiables dans le sens où trois de ses Lettres confiées à un de ses disciples, Philolaüs ont été achetées par Dion, disciple de Platon à la demande de celui-ci. Ce n’est pas hasard que l’on trouve beaucoup d’éléments du Pythagorisme dans l’oeuvre de Platon. La Parole sacrée, l’oeuvre fondamentale de Pythagore ne nous est pas parvenue. Malgré les efforts qui ont été faits par les anciens, Pythagore reste un avatar dont l’oeuvre et la vie restent encore pour nous une légende, un mythe.

Les disciples de Pythagore comme ceux de tous meneurs d’hommes considèrent leurs maîtres comme des dieux. Ils leur attribuent des forces extraordinaires. A tel point qu’ils sacralisent ces hommes et prennent eux-mêmes des distances avec eux. C’est cette distance qui inscrit l’élitisme. On subit une violence sans le savoir ou bien on le sait mais on l’accepte parce les choses sont ainsi. En réalité cette situation est le fait de notre propre impuissance et de la faiblesse de notre esprit. Le phénomène d’ubiquité qui consiste à voir partout, dans ce qu’on fait, ce que l’on dit, ce que l’on voit le visage du maître est lié à toute cette faiblesse de notre entendement. Les disciples de Pythagore le voient partout au même moment. Il est dans plusieurs villes à la fois. On le voit parler avec le fleuve. On voit interpeller un aigle qui passe à coté d’eux. Pythagore le caresse et le relâche Il ordonne aux pêcheurs de lancer leurs filets et compter un nombre de poissons qu’il leur donne. Aucun poisson ne meurt  au contact de l’air même en se retirant de leur élément naturel. A la fin de ce miracle Pythagore ordonne de remettre les poissons dans la mer. Ce genre de miracles s’apparentent à beaucoup d’autres traditions comme cette similitude qu’on constance dans le chiffre quarante. Pythagore revient à Samos où il est né après quarante ans de voyage. Platon revient à Athènes à quarante ans. Jésus passe son temps dans le désert pendant quarante jours. Mahomet commence à recevoir ses révélations à quarante ans. Ces phénomènes étranges ne doivent pas nous laisser indifférents mais laissons-les à la mythologie et aux traditions des peuples qui, sans doute se sont interpénétrées. Plongeons-nous dans l’enseignement proprement dit d’un des serviteurs de l’humanité, cet ami de l’homme, celui qui s’appelle Pythagore dont le nom sonne encore comme un écho dans nos oreilles.

Pythagore est originaire de Samos, petite Île florissante de l’Ionie, vouée à la culture et aux arts. L’île possède une flotte de cent navires et vit une période brillante. Au moment où vient Pythagore au monde (580 av JC), Polycrate, homme au destin particulier, amis d’Amasis, l’égyptien gouverne cette Île qui se fait face à Milet. C’est Hérodote qui nous raconte comment aux conseils du sage Égyptien, Polycrate, tente de se débarrasser du poids de son destin que la balance des dieux ne veut plus équilibrer. C’est à la cour de Polycrate que Pythagore passe sa jeunesse avant de voyager en Égypte. Nous ne savons pas très exactement si c’est Polycrate qui le recommande à Amasis de le présenter aux prêtes Égyptiens sur les conseils de Thales dont il a suivi les cours, ou Thales lui-même qui le recommande de pousser ses recherches près des sages Égyptiens. Une chose est sûre, l’entrée de Pythagore dans les écoles Égyptiennes ne se fait pas sans difficultés. C’est par son courage et son obstination qu’il entre dans les secrets Égyptiens. La tradition veut qu’il visite l’Arabie, la Chaldée, l’Inde, la Syrie et Babylone où il reste pendant douze ans. Ensuite, il revient au moment où Polycrate devient le pouvoir absolu, après trente-quatre d’absence.

A son retour Pythagore remarque que sa patrie a perdu sa liberté. En homme libre, il ne peut plus vivre là où la conscience ne peut plus s’émouvoir. L’homme libre a ceci en particulier, il ne peut vivre dans un endroit où le jeu de la liberté absolue de conscience n’est plus possible. L’homme libre ne désire plus au monde que cette libre activité de l’esprit. Il quitte donc Samos et s’installe en 529 à Crotone, en tout cas c’est que semble nous dire Diogène Laërce, l’un des biographes de Pythagore. D’autres disent qu’il part de Samos pour le climat. Mais selon Hegel, le motif de son départ de Samos pour Crotonne, en Italie est plus complexe qu’on peut le dire. Hegel s’appuie sur Hérodote. Dans son Histoire, au livre III, chap. 45 à 47, Hérodote montre que Polycrate vient de bannir les citoyens qui fomentent un coup de force en tentant de provoquer une guerre civile. Ces citoyens demandent l’aide des Lacédémoniens. Dans un premier temps, les Lacédémoniens soutiennent les démocraties parce qu’elles instaurent le pouvoir du peuple. Mais dans un second moment, ils suppriment les démocraties pour installer les aristocraties. La famille de Pythagore nécessairement mêlée à cette situation désagréable, et une telle situation n’est pas profitable à Pythagore qui voit anéantir ses projets. Il voyage en Grèce et se fixe définitivement à Crotone où il installe une école dont l’écho ne cesse pas jusqu’à nos jours.

Tous ceux qui voient Pythagore témoignent d’un homme beau, élégant, d’une belle allure. Sa personne est captivante et impose le respect. Il se dégage en lui une force extraordinaire. C’est un être à part. Il ne laisse personne indifférent. Il transpire le mystère.

A cet aspect extérieur qui trouble s’ajoute une grande éloquence et de profondes lumières qu’il communique sans se limiter au cercle d’amis qui le suivent. Il veut exercer une action sur la totalité de l’homme. Il veut donner une définition absolue à l’homme. Son intervention se situe dans la chose publique, dans la science, dans la morale et dans la métaphysique. Notre manière est liée au monde suprasensible des divinités. Platon, son disciple le plus plus profond parle lui du monde intelligible ou des Idées.

Ses vêtements, le lin blanc sont soumis à des règles précises. De même ceux de ses disciples. La nourriture, il manque pas n’importe quoi. Il est végétarien. La conduite des activités de la journée suivent une trajectoire mathématique.

Pythagore dit, rapporte Jamblique que quoiqu’un homme fasse dans la vie, dans les sciences, dans la politique et la morale, le principe est prépondérant; car tout procède d’un principe. Mais malheureusement le principe ne se livre pas à n’importe qui. Le principe relève lui-même de la métaphysique. Il faut avoir des connaissances sérieuses ou une vision pour cerner un principe. « Le principe, écrit Jamblique est l’une des choses les plus importantes que, aussi bien dans les sciences que dans l’expérience ou que dans la génération, ou encore dans une maison, dans une cité, dans une armée ou dans les rassemblements de ce genre, la nature du principe est difficile à considérer et à voir ». Dans les sciences il n’est au pouvoir de n’importe quel esprit, après avoir porté son regard sur les diverses parties de la discipline, de comprendre et de juger correctement laquelle d’entre elles est le principe. Si on ne détermine pas correctement le principe on risque de se tromper du tout au tout. Il faut connaître le principe véritable pour dire tout net, sinon rien dans ce qui suit n’est plus correct. Même chose pour l’autre principe qui concerne l’administration de la cité, d’une maison, d’un groupe s’il y a pas un véritable chef tout s’écroule. Mais un chef doit avoir à l’esprit ce principe lui tout seul sans l’autre partie, la gouvernée, rien ne peut s’effectuer. De même un enseignant ne peut rien enseigner sans un élève reconnaissant. Tout procède dans ces formes d’un rapport réciproque. «  Pour que les connaissances viennent correctement, il faut qu’elles viennent volontairement, parce que les deux côtés le veulent, tant l’enseignant que l’élève ».

Ce principe qui met la juste figure de l’autorité dans la reconnaissance est une grande importance. Elle révèle des profondeurs d’une grande philosophie.

Pythagore est d’abord philosophe avant d’être scientifique et politique. Il est le premier homme à s’attribuer le qualificatif de «  philosophe ». Le philosophe selon Pythagore est celui qui a un rapport à la sagesse en tant qu’objet. Il est celui qui s’occupe de sagesse en tant qu’il la cherche. Le philosophe aspire seulement à être sage mais ne peut l’être. De même ce que dit Platon va dans le sens. Le philosophe n’est pas celui qui saisit la vérité mais seulement celui qui la contemple. Il voit mais ne touche pas. D’où la réminiscence qui lui donne le sentiment du déjà vu. Il y a ici cette idée que la vérité échappe au philosophe. Ce qui est seulement contemplé ne peut nous atteindre réellement mais simplement de manière abstraire.

Ecrit par bocage dans : sciences philosophiques |

1 commentaire »

  • André Perron

    Bonjour,
    Le sujet est le 3,1416 et +.
    33 X 12,6 = 415,8 X 72 = 29 937,6 Il monte au ciel
    33 X 11,2 = 369,6 X 72 = 26 611,2 Il est mort
    33 X 23,8 = 785,4 X 2,5 = 1963,5 / 37,5 = 52,36
    1963,5 / 625 = 3,1416

    Le ciel 29 808 + 29 937,6 + 26 611,2 = 86 356,8 / 43,2 = 1999

    Néfertoum 1500 + Sekhmet 118 = 1618

    1584 X 18,9 = 29 937,6
    1584 X 16,8 = 26 611,2

    1618 X 18,9 = 30 580,2
    1618 X 16,8 = 27 182,4

    1618 - 1584 = 34 + = 3202 - 34 = 3168 X 9 = 28 512 / 72 = 396 / 12 = 33 Osiris Vivant.
    Merci
    André

    Commentaire | 11 avril 2009
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